Texts


En

Zhu

In China, calligraphy has developed through a thousand years of tradition into an art-form in its own right. Starting from pictograms, it has, in the context of a sophisticated civilisation, gradually attained complex forms whose rules of composition have had to be strictly laid down and whose lines have had to be refined on a regular basis. Today, after a long evolution, the symbol no longer imitates reality but has once again become arbitrary, while retaining the richness of its meaning.
From this oriental background, Zhu has kept the brush and the habit of using it elegantly. He has also kept to working only on the surface, without using either perspective or different planes. Finally, his palette resembles that of ink: red and black. Or the ochre of paper, of raw canvas.
In the West, He has taken to using the easel and acrylic paints, and has taken up the classic iconography of the human body: the nude.
At the crossroads of these two traditions, Zhu practices a style of painting which is neither wholly abstract nor overtly figurative but which takes the form of enigmatic writing, through which reality is both revealed and blurred or transformed. He brushes characters whose lines only reveal their full sense through being saturated with material. With a sure hand, he enters into a dialogue with the emptiness of the canvas, sets up a choreography of light and discovers the point of balance but, above all, this is a dictation of his own sensuality. In this, painting is neither simply an action which is an extension of the arm, nor the expression of an idea or a concept but an act of affirmation of the whole body, both deft and fired by desire. For, at the end of the brush, behind the symbols, there are nudes, there are women and an intoxicating sensuality: the painting is made flesh, passion incarnate.
Zhu doesn’t enter into a hand-to-hand fight with his painting; he embraces his subject. He is both exalted and reserved, passionate and serene. There is energy and inspiration, but also humility; there is vivacity, but also a patience that knows how to take its time. The strokes are vigourous and firm, but fluid and elegant; in their purity, they echo the beauty of the curves of the body and of the roundness of the world.
Nor is there any confrontation between the body and the spirit; on the contrary, the one is necessary for the other and the painting celebrates their reconciliation. It is the place where emotion emerges in all its luminous splendour.
In Zhu, the desire to paint and carnal desire are experienced as the same act of rejoicing. They form a single whole, embracing the beauties of the instinct, the laws of love and the brilliance of the colours.
In the same way that caressing the skin allows you to feel the pulse within, the works vibrate and palpitate on their surface, at the same time unveiled and obscure. The body’s impulses are revealed in accordance with art’s rules. The wonder comes from the hidden beauty.

Jack Keguenne
(english translation by Andrew George)

Fr

Zhu

En Chine, l’écriture s’est développée au long d’une tradition millénaire pour devenir un art à part entière. A partir de schématisations, elle a, au cœur d’une civilisation raffinée, peu à peu atteint des formes complexes dont il a fallu codifier strictement les règles de compositions mais aussi épurer régulièrement le tracé. Aujourd’hui, après une longue évolution, le signe n’imite plus la réalité; il est redevenu arbitraire tout en gardant la richesse de son sens.
De cet esprit oriental, Zhu a gardé le pinceau et l’habitude de l’utiliser avec élégance. Il a conservé aussi l’idée de ne travailler que sur la surface, de ne pas utiliser les plans ou la perspective. Enfin, l’essentiel de sa palette ressemble à celle des encres : du noir, du rouge. Ou l’ocre des papiers, des toiles brutes.
Il a pris à l’Occident l’usage du chevalet, des peintures acryliques et l’iconographie classique des anatomies, des nus.
A la croisée de ces deux tradition, Zhu pratique une peinture qui n’est ni tout à fait abstraite ni ouvertement figurative mais se présente comme une écriture énigmatique dans laquelle la réalité se trouve à la fois dépouillée et brouillée, reconvertie. Il brosse des signes dont le tracé ne donne son plein sens que gorgé de matière. D’une main sûre, il dialogue avec le vide de la toile, installe une chorégraphie de lumières et découvre le moment d’équilibre mais, surtout, il laisse paraître une dictée de sa sensualité. C’est que peindre n’est pas un simple geste dans le prolongement du bras, ni l’expression d’une idée ou d’un concept mais un mouvement d’affirmation de tout le corps, habile et porté par le désir. Car au bout du pinceau, derrière les signes, il y a des nus, il y a des femmes, une volupté enivrante : la peinture se fait chair, la passion s’incarne.
Zhu ne se bat pas au corps à corps avec la peinture ; il étreint son sujet. Il est tout à la fois exalté et réservé, passionné et serein, il y a de l’énergie, du souffle mais aussi une humilité, il y a de la vivacité mais aussi une patience qui sait prendre la mesure du temps. Les traits sont vigoureux, fermes, mais fluides et élégants ; ils rejoignent, dans la pureté, la beauté des courbes du corps et de la rondeur du monde.
Il n’y a pas non plus d’affrontement entre le corps et l’esprit; au contraire, l’un est nécessaire à l’autre et la peinture consacre leur réconciliation. Elle est l’endroit où l’émotion émerge dans toute sa lumière, toute sa splendeur.
Chez Zhu, le désir de peinture et le désir de chair se donne à lire comme une même jubilation. Ils forment un seul acte fusionnel, avec les beautés de l’instinct, les lois de l’amour et l’éclat des couleurs.
Comme une caresse sur la peau discerne le pouls des entrailles, l’œuvre vibre et palpite dans sa surface, à la fois dévoilée et obscur. Les pulsions du corps sont révélées dans les règles de l’art. L’émerveillement naît de la beauté cachée.

Jack Keguenne